LE KAVE SE REBIFFE

Bienvenue dans l'antre rebiffeuse branchée sur le courant alternatif de la KAVE.

Ce blog, à vocation citoyenne et collective, se veut participatif et coopératif en s'attelant au grand défrichage de ce monde !

Le partage est une arme de construction massive.

Alertez, proposez, Réenchantez ! YES OUI KAVE ! Contact: leskavesserebiffent@gmail.com


jeudi 29 décembre 2016

C'EST GRAVE DOCTEUR?

"Le travail, c'est une maladie, d'ailleurs y'a même une médecine pour ça." Le grand café des brèves de comptoir de Jean-Marie Gourio





Le comptoir de la Kave reçoit aujourd'hui un invité médical:
 Le Major Tom, jeune homme, étudiant en médecine qui va nous parler un peu de sa vision de la médecine en tant que jeune de la nouvelle génération et futur praticien.
Il est intéressant d'avoir le point de vue d'un étudiant sur sa pratique, en particulier quand celle-ci sera dévouée aux soins des autres.
 La Kave passe donc en mode interview et remercie chaleureusement le Major Tom de nous avoir donner de son temps pour parler d'un sujet pas toujours évident à traiter...comme nous les patients...
C'est grave docteur?

Major Tom au comptoir de la Kave

La Kave: En tant que futur médecin, comment imagines-tu l'évolution de ton métier? 
Et quelle spécialité as-tu choisi?

Major Tom: J'ai choisi comme spécialité à l'issue de l'examen national classant (ECN) (qui conditionne à la fois celle-ci et le lieu de l'internat) la médecine interne, une spécialité peu connue mais relativement prisée, qui peut se résumer par "médecine polyvalente à l'hôpital et maladies rares ou touchant tous les organes". Je suis donc interniste (à ne pas confondre avec interne qui désigne un étudiant en fin de cursus), discipline choisie par attrait pour le raisonnement clinique et par volonté de rester dans une approche globale du patient et non de me spécialiser dans un seul organe.
Il s'agit également d'une spécialité qui ouvre beaucoup de portes pour une sur-spécialisation : réanimation, maladies infectieuses, gériatrie, immunologie... des passerelles vouées à disparaître avec la réforme prévue en 2017, pensée pour que ces domaines deviennent des spécialités à pleinement parler.
 La médecine interne risque d'y perdre de la variété dans les profils représentés, mais devrait s'adjuger au passage la majorité des postes de médecins hospitaliers dans des services de médecine polyvalente, postes souvent occupés actuellement par des généralistes, qui eux aussi risquent de voir leur activité se recentrer vers un seul domaine de compétences (en l’occurrence l'activité libérale).
Par ailleurs, la médecine interne devrait devenir plus connue du grand public. 
C'est déjà un peu le cas à travers la série Docteur House, mais l'augmentation du nombre de médecins formés à cette spécialité et son rôle de pierre angulaire à l'hôpital vont également beaucoup jouer.

La Kave: Crois-tu que l'état général des hôpitaux publics peut continuer ainsi sans un craquage complet de son personnel?

Major Tom: C'est un peu démago, mais non. 
La course à la rentabilité effectuée ces dernières années a causé des diminutions dans les effectifs de l'ensemble des services hospitaliers.
 Les médecins sont finalement les moins touchés (même si il nous est demandé d'être "économes" dans nos prescriptions, sans doute à juste titre), mais les diminutions de postes dans le secteur paramédical (infirmière, aides-soignant, kinésithérapeutes...) ont des conséquences dramatiques à la fois sur la prise en charge des patients et sur l'état de santé du personnel. 
C'est moins mon domaine de compétences, mais n'oublions pas tous les postes administratifs qui sont nécessaires au bon fonctionnement de la structure tentaculaire représentée par un établissement de santé. C'est un craquage insidieux, qui va se développer sur plusieurs années encore et qui n'aboutira sans doute jamais à une implosion du système de soin, mais qui à coup sûr aura des conséquences.

La Kave: A quoi est due l'arrivée massive d'infirmières, internes et médecins de l'étranger dans les hôpitaux?

Major Tom: C'est une question complexe.
 Premièrement, il faut souligner la qualité globale de la prise en charge médicale et de la formation en France, dont on aime s'enorgueillir (sans doute trop d'ailleurs) mais qui reste assez prisée, notamment en Europe. 
Mais bien sûr, le revers de la médaille moins reluisant est la difficulté à attirer des praticiens dans certains zones qui ont une image moyenne auprès de médecins souvent pétris de préjugés. 
Ajoutons enfin certains chefs d'établissement ou doyens de faculté parfois butés, et qui rechignent à employer des profils ne correspondant pas complètement à leurs attentes.
Attention, c'est une question à différencier de celle des étudiants Français qui partent faire leurs études à l'étranger. Problématique également réelle mais à part.

La Kave: Crois tu que l'alimentation de mauvaise qualité a favorisé la progression des cancers au 21ème siècle?

Major Tom: C'est au mieux une simplification, au pire plutôt faux. 
Effectivement, il est prouvé que certains aliments ou conservateurs sont des facteurs de risque dans certains cancers, au premier rang desquels évidemment ceux qui touchent le système digestif. Mais les études concernant ces aliments sont encore débutantes, et ne font état que d'une augmentation du risque plutôt modérée. Il est évident qu'une alimentation de meilleure qualité est importante pour une politique de santé publique efficace (l'obésité a de multiples complications autres que les cancers, par exemple).
 Mais l'augmentation bien réelle du nombre de cancers s'explique également par un vieillissement global de la population (qui favorise les cancers de la prostate, premier cancer en terme de fréquence) et par la poursuite de certaines conduites à risque, notamment chez des populations jusque là plutôt épargnées (le tabagisme chez les femmes ne cesse d'augmenter). 
Manger sainement est important, mais attention à ne pas rejeter toute la faute sur l'alimentation au détriment des autres facteurs de risque de cancer !

la Kave: Le business des médicaments tenu par les compagnies pharmaceutiques n'incite t'elle pas les médecins à prioriser le profit et la rentabilité plutôt que la qualité des soins et le temps consacrés aux patients ?

Major Tom: C'est plus insidieux. 
Premièrement, il est interdit pour les laboratoires de rémunérer directement les médecins afin qu'ils prescrivent leurs médicaments en priorité par rapport aux autres.
 Il est par contre permis de leur payer diverses prestations : voyage en congrès, repas... 
Des situations qui peuvent être propices à des conflits d'intérêt et qui doivent d'ailleurs être rendues publiques.
 Cela peut aboutir à des situations où un médecin influencé par une brochure ou un discours d'un représentant aura tendance à favoriser le médicament novateur (mais peu étudié...) vendu par celui-ci, parfois donc au détriment des patients.
 Le médecin n'aura finalement que peu de retombées devant cette prescription, contrairement évidemment à la firme pharmaceutique.
Le profit et la rentabilité (les patients doivent être soignés vite et à moindre coût) sont effectivement recherchés, mais davantage en réalité par les directions hospitalières ou les pouvoirs publics que par les lobbys pharmaceutiques.


http://www.lemonde.fr/sante/article/2017/01/27/des-medecins-affichent-sur-internet-leur-refus-de-soigner-les-patients-precaires_5069912_1651302.html

La Kave: Toi en tant que Jeune arrivant dans la profession, quels sont tes espoirs et tes inquiétudes pour le futur?

Major Tom: Je me considère comme plutôt privilégié par rapport à une majorité des autres professions. 
Nos études sont longues (6 ans d'études puis 5 ans d'internat pour la médecine interne) et parfois peu gratifiantes (un salaire de 200 euros/mois pendant les trois ans de l'externat, qui précède l'internat). Mais chaque médecin trouvera un poste à la fin de ses études, et sera rémunéré plutôt généreusement (toujours trop peu en regard des sacrifices investis, selon certains). Le métier est varié, intéressant et plutôt bien considéré par le reste de la société (contrairement à ce que laissent entendre certains membres de la profession). 
Tout n'est pas rose, et l'évolution des conditions d'exercice, notamment pour les généralistes, est parfois inquiétante. 
Mais il est important de remettre en perspective les difficultés rencontrées et de se rappeler pourquoi nous avons choisi ce métier au départ. Mon métier, c'est de soigner les gens.

La Kave: Vois-tu ou connais-tu à l'étranger des exemples de médecines alternatives ou différentes qui donnent des résultats?

Major Tom: Non. Les formations médicales en France insistent assez peu sur ces points, et l'Evidence Based Medicine (qui consiste à ne considérer comme valable qu'une thérapie ayant fait ses preuves au cours d'une étude bien menée) fait loi. 
Même si ils s'en défendent, la plupart des médecins est assez réticente à l'utilisation de méthodes originales ou alternatives.

Merci encore au Major Tom de m'avoir accorder un peu de son précieux temps, ça mérite une tournée Kaviste pour ce jeune homme, vous croyez pas?
En attendant, les médecins se penchent toujours sur mon cas et ne trouvent toujours pas de traitement pour empêcher mes montées de rebiffades, c'est grave docteur?



YES OUI KAVE !