Respect Existence or Expect Resistance
Comme nous l'avions annoncé précedemment, la journée du 13 octobre fût riche en événements sur la capitale française. Les Kaves se rebiffent ne se sont pas déplacés à Paname pour enfiler des perles ce samedi-là !
Fêtant l'anniversaire de ses 40 ans d'existence, le
CSIA-Nitassinan (Comité de soutien aux indiens d'Amérique) organisait la 38ème édition de la Journée
Internationale de Solidarité avec les Peuples Autochtones des Amériques à la
Salle Jean Dame à Paris le 13 octobre 2018. Simultanément se déroulait la marche pour le climat dans la ville démesurée parisienne, ce qui ne nous a pas empêché d'arriver (nous sommes partout) vers 17h30 dans le quartier du Sentier pour assister au reste des conférences organisées tout du long de l'après-midi et de la soirée.
Après un passage obligé auprès du stand de merchandising engagé, nous voilà donc installé au milieu d'une salle malheureusement clairsemée mais attentive.
On vous cache pas qu'on a soutenu la cause financièrement dans la mesure de nos moyens, et qu'on était fier de porter ses couleurs là:
Rentrons dans le vif du Pow wow.
Plusieurs délégations issues des peuples autochtones étaient présentes et sont intervenues au cours des conférences.
Des peuples Kanaks, des indiens d'amazone de Guyane, des Mapuches du Chili et d'Argentine, des Mohawks du Canada, des Lakotas du Dakota et de Standing Rock, tous étaient là pour évoquer le combat mené par les peuples indigènes du monde.
Ils sont la première ligne dans la lutte pour la préservation de l'environnement et c'est aussi plus simplement une question de vie ou de mort pour eux.
Etant arrivés assez tard, nous avons donc manqué certains débats, mais nous avons pu rattrapé notre retard en échangeant avec les gens dans une ambiance détendue.
Beaucoup d'émotions à l'écoute de tous ces intervenants en particulier les Kanaks racontant les aberrations nucléaires de l'état français dans leur coin d'océan paradisiaque qui ne l'est plus tant que ça.
Pareil pour la délégation guyanaise outrée et outragée par le projet de mine de la montagne d'Or appuyé par l'état français encore une fois.
L'American Indian Movement (qui fête ses cinquante ans d'existence) avait donc également une délégation, et si vous êtes un habitué de ce comptoir, vous savez que nous soutenons leur cause depuis le début de l'affaire du maudit pipeline Dapl à Standing Rock Dakota du Nord.
Ce n'est donc pas sans attention et émotion que nous avons écouté les témoignages des trois intervenants Lakotas dans un silence respectueux.
Quel choc tout de même, voir et rencontrer ces gens en réel alors que nous supportons leur combat par voie numérique depuis tant d'années, cela nous a...renforcé dans notre foi à continuer encore plus fort la lutte.
Standing Rock a éveillé le Monde.
Mais son peuple est en train de mourir à petit feu.
Le génocide Native continue par la grâce du capitalisme cette fois, aussi en raison d'un terrible racisme anti natives des américains, aussi à cause des industries fossiles et ceci alors qu'il parait que nous sommes au 21ème siècle. Il parait que tout ce massacre de faune, de flore et de peuples indigènes se fait au nom de la "Civilisation".
Eau contaminée, ressources pillées, traités bafoués, les réserves natives sont dans l'oeil du cyclone des forces de l'ordre (et là on parle des robocops à l'américaine hein), les manifestants sont violentés, malmenés, menacés. Des arrestations arbitraires et une justice expéditive viennent compléter ce tableau bien sombre. Les protecteurs de l'eau sont considérés comme des criminels.
Les prisonniers politiques natives sont nombreux dans les geôles yankees.
L'industrie pétrolifère se pose en victime des protestants natives, avouez que c'est tout de même énorme. Big Oil industry aurait donc peur de quelques Lakotas, et grâce à l'aide des forces de Police, ils balancent derrière les barreaux les indiens réfractaires.
Free Leonard Peltier. Free Red Fawn !
Malheureusement, le problème Native ne se pose pas seulement sur les combats pour l'eau, les terres ou le respect des traités (absolument jamais respectés en l'occurrence). C'est aussi toute la désespérance des 500 nations face au système politique de l'Amérique du Nord.
Comme tout peuple pauvre d'où qu'il soit, ils subissent aussi le chômage de masse, les trafics de drogue, la prostitution endémique, une précarité de plus en plus inquiétante et exponentielle.
Seulement, ils ont décidé de ne rien lâcher, ils se battent.
Ils font avec leurs moyens et leurs armes, et aussi par le biais d'Internet le nouveau conquérant pour donner de l'exposition aux luttes mortelles que livrent les Natives depuis des décennies partout sur le continent américain dans l'indifférence la presque plus complète du reste du Monde.
Finalement, le Canada et les USA se permettent de se comporter comme des Nazis (oui j'ose) dans la plus grande impunité. L'Europe ferme aussi les yeux allègrement, ce n'est pas quelques natives qui vont nous gâcher les sacro-saints profits économiques réalisés grâce au pétrole.
Pour rappel, plusieurs banques françaises sont impliqués dans le financement des projets de pipelines aux états-unis ou au Canada. A nouveau, nous demandons l'arrêt immédiat et sans conditions de ces financements français insupportables. Messieurs les Banksters, vous participez à une infamie, que cela soit hurlé !
L'Amérique n'a pas été découverte, elle a été envahie.
D'abord par les européens, puis les Yankees, et maintenant c'est au tour des banques et des multinationales de faire office de tuniques bleus sanguinaires pour continuer le massacre du peuple originel de l'Amérique.
Voilà, on s'emballe on s'emballe, et on a un peu dévié de la journée organisée par le CSIA, mais la réalité expliquée par les Lakotas durant la conférence est bien celle décrite dans les paragraphes précédents. Ce fût donc une chanson d'un ancien Lakota qui clôtura les débats, avant une pause et un concert de Hip Hop amérindien (entre autre).
Après une belle journée d'activisme, nous repartîmes de Paris à la fois inquiets et rassérénés.
Inquiets pour le futur de ces personnes, rassérénés par leur capacité incroyable de résilience et de résistance. Après tout, cela fait plus de 522 ans que ça dure, vivre sous le joug d'oppresseurs, les Natives ne savent que trop bien ce que cela signifie.
Pour finir, merci au CSIA pour l'organisation de ce moment et son investissement depuis ces quatre décennies. Nous publions dans la continuité de cet article la lettre éditée par l'association pour ses 40 ans d'existence.
Salutations révolutionnaires et rebiffeuses des Kaves à tous.
A'HO !*
Pétition
La lettre du CSIA pour ses 40 ans
Anniversaire du CSIA-Nitassinan / octobre 2018
40 ans de solidarité avec les peuples autochtones des Amériques
Cette année, l’American Indian Movement (AIM) célèbre ses 50 ans d’existence et de résistance pour la défense des droits des peuples et communautés autochtones en Amérique du Nord. Ce mouvement emblématique va subir la répression de la part des autorités étasuniennes. Sachant que les peuples autochtones n’obtiendraient rien des pays qui les colonisent, les dirigeants de l’AIM et de la Confédération Haudenausonee (Iroquoise) vont décider de se tourner vers la communauté internationale. En 1977, le Conseil International des Traités Indiens (IITC), ONG autochtone créée pour entamer des négociations avec les Nations Unies, va organiser au siège de l’ONU à Genève un événement historique : la première Conférence sur la discrimination contre le populations autochtones des Amériques. Lors de cette Conférence, Russell Means (Sioux Lakota) appellera à ce que des réseaux de solidarité se mettent en place dans le monde entier pour briser les mythes réducteurs contre les peuples autochtones et les soutenir en cas de violation de leurs droits. Il demande également que le 12 octobre, célébré en honneur à Christophe Colomb dans les pays colonisateurs, soit déclaré Journée internationale de solidarité avec les peuples amérindiens. Des personnes venant de France, présentes à l’ONU à cette occasion, vont répondre à son attente en créant le Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques (CSIA-Nitassinan) en 1978. Le CSIA-Nitassinan depuis lors a lutté aux côtés de nos ami.e.s et allié.e.s autochtones de l’Alaska à la Terre de feu.
Nous sommes fier.e.s d’avoir participé à La plus longue marche (1978), d’être devenu le premier Groupe de soutien au prisonnier politique amérindien, Leonard Peltier au niveau international (1978), d’organiser chaque année la Journée internationale de solidarité avec les peuples amérindiens (sans interruption depuis 1980), d’avoir été partie prenante des Sacred Runs for Land and Life (Courses sacrées pour la Terre et la Vie) du dirigeant anishinaabe, Dennis Banks (à partir de 1990), d’avoir participé à la Campagne continentale « 500 ans de résistance autochtone, noire et populaire » et au succès de l’attribution du prix Nobel de la Paix à la représentante maya du Guatemala, Rigoberta Menchu Tum (1992), d’avoir été aux côtés des Mohawk lors de la crise d’Oka/Kanesatake (1990) et de l’insurrection zapatiste au Chiapas (1994), d’avoir participé aux côtés de Indigenous Environmental Network et de Honor The Earth aux actions lors de la COP21 (2015), de nous être mobilisé.e.s lors de la résistance à Standing Rock contre la construction de l’oléoduc DAPL et d’avoir lancé la campagne de désinvestissement des banques françaises investissant dans les projets d’extractivisme sur les terres autochtones (à partir de 2016), de lutter aux côtés des peuples autochtones toujours colonisés par la France (autochtones de Guyane, de Kanaky, de Tahiti) pour la reconnaissance de leur existence et le respect de leurs droits, et enfin nous sommes honoré.e.s d’avoir accompagné les organisations autochtones aux Nations Unies jusqu’à la ratification en 2007 de la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones. Cette liste n’est pas exhaustive et le combat continue dans les Amériques - et le CSIA-Nitassinan est toujours présent avec sa petite équipe de bénévoles passionné.e.s.
Cette année encore, venez nombreuses et nombreux aux événements organisés en octobre afin de célébrer les 40 ans de solidarité de notre association et rencontrer nos allié.e.s amérindien.ne.s qui ont marqué l’histoire de la résistance moderne autochtone et NOTRE histoire.
Sylvain Duez-Alesandrini
CSIA-Nitassinan
Nouveau bureau du CSIA élu le 5 juillet 2018
Aurélie Journée (Présidente), Edith Patrouilleau (Vice-présidente), Julie Marsault (Trésorière), Jamilla Boukerma (Secrétaire), Céline Planchou (Secrétaire adjointe)
*Four our international friends, Text in english coming soon
YES OUI KAVE !