- Tu crois que c'est en paralysant le pays qu'on va s'en sortir ? - Mais les gens ne se mettent pas en grève par plaisir, Jany. Tu devrais le savoir... Si les grenouilles avaient des ailes, elles s'emmerderaient pas à sauter." Grève Party
Les Français(es) sont des râleurs, les Français sont revendicatifs, les Français sont relous, les Français sont frondeurs, bref on est un peuple vivant!
Ces mouvements ont souvent révolutionné les modes de pensée, et toutes les "avancées sociales" découlent toujours d'une volonté populaire d'un point de vue uniquement général, en mettant de coté les couleurs politiques de l'un ou l'autre, les sensibilités différentes exercées au sein des mouvements sociaux
Au cours des années, le Kave a déambulé dans diverses manifestations engagées, et fait l'expérience de la foule énorme et mécontente. J'ai aussi pu connaitre ces mouvements de masse dans des événements sportifs, musicaux ou autres, mais rien n'est comparable à une foule compacte dans le combat social, déterminée et entraînée dans une forme d'happening généralisé, où tous les slogans s'élèvent contre la proposition d'avenir faite aux Gueux depuis si longtemps...
Le Kave n'aime pas la foule préférant l'intimité de mon comptoir, effrayé parfois dans ces marées humaines, mais c'est le moyen pour manifester pacifiquement et collectivement les injustices récurrentes de ce monde.
J'ai vécu ma première moitié de vie de travailleur sans être syndiqué, puis je m'y suis collé pendant quatre ans de syndicat militant et frustrant, puis je suis à nouveau redevenu un non-syndiqué, comme je suis un Blanc-voteur, comme je suis lambda simple citoyen ordinaire, comme je suis un humain vivant au mieux avec ce qu'il a, comme beaucoup de gens ici pas vrai?
Clairement, je suis un anonymous parmi les anonymous;
Mais ne pas avoir de carte d'adhérent au club ne m'empêche pas de soutenir les luttes régulières sur différents types de projets de loi fondés sur une Vème république dépassée.
Aujourd'hui, je ne m'attacherais qu'à une seule année précise, pour réduire le champ et se balader au coeur d'une Histoire de manifestation. Allez, venez avec moi.
En 2010, nous n'étions pas encore rentrés dans l'ère du terrorisme aveugle, mais Kadhafi allait bientôt connaitre la guerre à la Française grâce au gouvernement de l'époque.
Lybie en 2016...hum...Daesh.
L'idée d'affronter cette fameuse foule ne faisait pas autant réfléchir avant ces horreurs de 2012/2016.
Comme beaucoup d'autres, j'ai sacrifié sur l'autel de la lutte dans les grandes grèves sur la loi retraite du troll malsain. Les jours et les jours ont passé, manif sur manif, j'enfourche un RER for free avec deux partenaires de chouinerie pour passer la journée à Paname et dire notre façon de penser aux gens désireux de voir la Gueuserie bosser dans son activité esclavagisante rémunérée jusqu'à 65,70 et pourquoi pas 75 ans?
Arrivé au départ du cortège, le choc de la foule d'abord, des drapeaux, des slogans, des chants, de la musique à plein niveau, des taverniers à l'arrière des camions servant des mojitos à 1E, des "épiciers" faisant leurs viandes et leurs merguez, des tracts par centaines, des affiches par milliers, des messages personnels, une émotion forte en couleurs et sensations.
On est vite happé par la mise en branle du défilé, vite rattrapé par quelque chose qu'on a au fond du ventre. La Révolte.
On est rattrapé par la raison qui nous a poussé à venir à la capitale, et passé le grisement de voir le collectif se réunir comme un seul homme, on est repris par les raisons qui nous ont amenées là.
Alors on gueule, on chante, on voit le Che partout, des drapeaux bretons, on va de cortège d'organisations en stands de partis politiques divers et variés, on prend des photos (Photo de la Kave IRL), on est accosté toutes cinq minutes, on est embarqué dans un maelstrom de sentiments, de lectures rapides, de tache de Mojito sur le jean, de choc des mots devant une affiche identifiable
Et cela dure, il faut marcher longtemps, piétiner, huer les symboles forts de la république, demander à la Police d'être avec nous, faire des chorégraphies complexes, des happenings devant des ministères, et manger des merguez quand on a encore des dents;
Des heures durant, nous voilà arrivés à un stade fou, mesdames et messieurs, on y croit.
Les sans-dents vont pouvoir se payer un dentiste OMG!
Ca y est, on est convaincu qu'ils vont céder, que nos arguments sont justes, que nous sommes les 99% et qu'ils ne peuvent que nous écouter, nous allons négocier et ils entendront.
Ils comprendront la souffrance de la plus grande majorité, et prendront des décisions dans l'intérêt du bien commun et d'une certaine idée de notre pays aux valeurs sociales si ancrées, grâce à nos Anciens nous ayant conquis les congés payés, l'invention du temps libre, et autres réductions de temps de travail que les politiques actuels semblent considérer comme des avancées désuètes, voire obsolètes.
La journée s'écoule après des découvertes variées d'opinions et d'avis mixés, des rencontres avec des gens de tous âges, de toutes conditions sociales partageant leur mal-être le temps d'un jour, d'une semaine, d'un mois parfois plus (ce fut Plus pour moi cette année-là).
Le temps est venu, vous repartez dans vos contrées, le moment où vous réalisez que vous avez perdu une journée de salaire, que le boss va vous regarder avec des yeux de petit chef le lendemain, et que vous allez allumer la TV à 20 heures où on vous dit ceci:
"Manifestants 2000 selon la police, 6 millions selon les syndicats, les négociations reprennent, mais le gouvernement a déjà signifié aux responsables des principaux syndicaux la mise en forme de la loi sur les retraites, et ne reculera pas malgré la grogne populaire, le gouvernement se refusant à dévier de son programme annoncé durant la campagne électorale.
Off (à peine): Après tout, les Gueux, on vous l'avait bien dit qu'on allait vous la mettre à l'envers gravement, voyons! Qui c'est le patron?."
L'écoeurement succède à l'adrénaline de la journée, à un truc fou qu'on appelle l'espoir et qui disparaît aussi vite qu'il est apparu. Le fatalisme ou le défaitisme prennent un peu pas trop (rayez la mention inutile) le pas sur l'illusion sincère du changement.
La virulence est remplacée par l'abattement et la fatigue, et un vague sentiment d'amertume dans la bouche vient compléter le total package.
L'équité, la justice sociale pour les 99%, ce sera pour une autre fois. La prochaine fois.
Oups vous attendiez une fin drôle?
Attendez j'ai ça pour vous, pour nous:
Oh wait! I'm afraid I've got some bad news for you, Party is over, go back to work, consume, obey, repeat, and...Die.
Bilan des opérations: Loi sur les retraites en mode UMP. Bienvenue dans les années 2010...
#Histoiredemanifestation
#onaencoreperdumaisonreviendra
#jeveuxpasfinirmacarrièreprofessionnelleendéambulateur
#onvautmieuxqueça
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