LE KAVE SE REBIFFE

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mardi 14 novembre 2017

LE VAISSEAU TERRE


"On l'appelle Planète Terre, mais en fait, c'est la Planète Océan.
 Le problème est que pour nous l'océan, c'est juste de l'eau au loin, alors que pendant des centaines de millions d'années, il a été le système vital qui a permis le maintien de la Vie"
Paul Watson





A l'occasion des 40 ans de Sea Sheperd conservative society, la Kave vous propose un texte de Paul Watson au comptoir pour rendre hommage aux bergers de la mer et à leur capitaine.

Le texte "Le vaisseau Terre" est tiré du livre Earthforce édité en 2015. 
I support Sea Sheperd. 
Happy birthday Sea Sheperd!


Le Vaisseau Terre
par Paul Watson

Nous vivons à bord d'un vaisseau!
Comme dans tout autre vaisseau, nous voyageons à travers le vaste cosmos, sur une trajectoire qui gravite autour de la voie lactée à une vitesse folle. Certes, nous n'atteignons pas la vitesse de distorsion du vaisseau imaginaire de Star Trek. Néanmoins, nous approchons les 250 kilomètres par seconde ou 900 000 kilomètres par heure.

Même à cette vitesse, une année cosmique, le temps nécessaire pour que notre planète fasse le tour de notre galaxie, équivaut à 250 millions d'années. En vérité, le vaisseau terre n'a fait à ce jour que vingt tours complets autour de notre galaxie. En tant que passagers, nous, Humains, n'avons réalisé jusqu'ici qu'un séjour ridiculement insignifiant. L'ironie veut que la dernière fois que notre planète occupait cette même position au cours de son dernier tour se situe entre les périodes du Permien et du Trias, lorsque des extinctions massives ont anéanti des millions d'espèces et mené à l'émergence des dinosaures.

Parmi les cinq plus grandes extinctions massives dans l'histoire de notre planète, celle-ci fût la plus importante, avec entre 90 et 96% des espèces marines et 70% des espèces végétales et animales terrestres anéanties.

On surnomme cette crise "la grande extinction". On dit qu'elle fût la conséquence de la rupture du supercontinent de la Pangée, qui a coupé la circulation de l'eau de mer et transformé les océans en marais stagnants empoisonnés au dioxyde de carbone. La planète a mis plus de vingt millions d'années à s'en remettre et nous nous retrouvons à un seuil où la sixième extinction massive menace notre propre existence, outre celle de millions d'espèces.

Comme n'importe quel autre vaisseau spatial, la Terre possède une coque externe et un champ de force pour protéger les occupants des radiations spatiales. Elle est dotée d'un puissant moteur pour se diriger à travers l'espace et alimenter le système de maintien de la vie. Le moteur est externalisé à près de 150 millions de kilomètres, mais cette gigantesque fournaise nucléaire nous envoie tout de même de l'énergie sous forme de lumière et de chaleur en huit minutes, sans jamais tomber en panne. On l'appelle MEGASPEED.

Comme tout autre vaisseau spatial, la Terre est dotée d'un générateur interne qui fournit de l'énergie électrique, magnétique et thermique supplémentaire. Cette centrale d'énergie est bien protégée au coeur du vaisseau. Elle possède un système de maintien de la vie qui nous approvisionne en oxygène, en nourriture et en eau. Il nous aide à respirer, il nous nourrit, nous abreuve et nettoie nos déchets. Il maintient un système de régulation du climat qui nous garde au chaud, hydratés et stimulés. Il s'occupe même de notre corps lorsque nous mourrons. De notre naissance à notre mort, ce système complexe de maintien de la vie nous apporte absolument tout ce dont nous avons besoin.
Ce système a un nom: la Biosphère.

Il s'agit d'un système complexe entretenu par des organismes vivants, oeuvrant avec des éléments chimiques de base dans un milieu principalement aquatique.
L'eau est un fluide essentiel qui subvient aux besoins de chaque cellule à bord du vaisseau spatial. Elle est en mouvement perpétuel et se transforme constamment de l'état liquide à celui de gaz puis à l'état solide avant de revenir sous forme liquide dans un grand système de circulation. Ce système véhicule les nutriments et élimine les déchets dans une boucle infinie qui maintient la vie à bord du vaisseau.

L'eau se déplace de la glace à la mer en passant par les nappes phréatiques et en montant jusque dans l'atmosphère. Elle circule à travers les cellules de toute matière vivante. Le passage à l'eau froide à l'eau chaude dans la mer et l'atmosphère alimente les vents, la pluie, les tempêtes, les courants, et propulse l'eau à travers le système comme un coeur géant alimente chaque organisme de notre planète.
Comme dans tout vaisseau spatial, la Terre transporte un équipage et des passagers.

Nous, Humains, ne sommes que d'humbles passagers. Nous sommes embarqués et passons le plus clair de notre temps à nous divertir. Nous avons tendance à oublier la présence de ce système de maintien de la vie dans le vaisseau que nous occupons confortablement. En réalité, nous tous, nous y avons pris tellement d'aise que nous proliférons jusqu'au point de nuire au système de maintien de la vie sur le vaisseau terre.

Plus précisément, nous détruisons l'équipage qui assure le fonctionnement du système. En réalité, nous ne soucions guère de cet équipage. Nous traitons ses membres comme des moins que rien, parfois avec dégoût mais le plus souvent avec apathie.
Pourtant, notre existence dépend d'eux.

Les bactéries, les algues, le plancton, les arbres, les plantes en fleurs, les vers, les abeilles, les fourmis et les scarabées, les mouches et les poissons.

Ils sont les êtres irremplaçables qui entretiennent le système du maintien de la vie. Ce sont eux qui composent l'équipage du vaisseau Terre, qui nous nourrissent et nous apportent ce qui nous est vital.
En échange, nous les éliminons, nous détruisons leur force de transport, nous les éradiquons, nous les conduisons à l'extinction dans la plus grande indifférence. Cela sans le moindre remords ou sentiment de culpabilité, sans même nous rendre compte de ce que nous faisons.

Ils sont insignifiants à nos yeux, sans importance, bien que ces créatures "inférieures"que nous n'apprécions pas à leur juste valeur nous permettent de rester sains et saufs à bord du vaisseau Terre. En réalité, ils valent bien plus que nous.
Les vers valent bien plus que les êtres humains. les abeilles et les fourmis, les arbres et les poissons aussi.

Pourquoi cela?
Parce que nous avons besoin d'eux pour survivre mais qu'eux n'ont pas besoin de nous.
Les mammifères et les humains en particulier ne participent que très peu à la maintenance du vaisseau Terre. D'une manière générale, les humains sont uniquement des mauvaises herbes douées de conscience. Nous avons beau nous prendre pour la huitième merveille du monde, nous croire splendides, nous avons beau proliférer comme des champignons, la vérité n'en est pas moins que nous existons uniquement grâce à la présence de milliards de créatures, de millions d'espèces différentes. 
Sans elles, il n'y aurait pas d'art, de musique, de poésie, de science, de civilisation.
Un monde sans vers ou sans ne serait-ce qu'une poignée d'espèces de bactéries, serait un monde sans hommes.

Nous allons jusqu'à nous duper nous-mêmes en nous considérant comme des individus. Il n'en est rien. Chaque humain n'est qu'un ensemble d'espèces.
Un trillion de bactéries vivent à l'intérieur et à la surface de notre corps, pesant à elles toutes près d'un kilo de notre poids. Entre 800 et 1000 espèces de ces créatures microscopiques habitent sur nous ou en nous.
Elles ne peuvent être considérés comme des parasites car nous avons besoin d'elles tout comme elles ont besoin de nous. Elles digèrent notre nourriture, fabriquent les vitamines pour nous, nous protègent des bactéries hostiles et vont jusqu'à nous brosser la peau et les cils. Elles sont aussi importantes pour nous que le sont nos yeux et notre peau.

Un dicton raconte que nul homme n'est une île, complet en soi-même. Cela est d'autant plus vrai que tout homme est une nation peuplée par un trillion de formes de vie individuelles.
Nous sommes intimement connectés au vaisseau terre. Si nous affectons n'importe quelle partie de cette planète, nous nous rendons compte que tout est relié.

Nous sommes des terriens qui vivent sur une planète Océan.
Le terme terrien comprend la moindre espèce qui occupe cette magnifique sphère bleu et blanche, ce fantastique navire de vie qui resplendit comme un joyau dans un système solaire au contraire stérile, traversant à toute vitesse une vaste galaxie de cent milliards d'étoiles. Parmi celles-ci, des millions alimentent des vaisseaux semblables au nôtre, peuplés de formes de vie propres aux circonstances dans lesquelles la vie a évolué sur chacun d'eux.
Tous ces vaisseaux sont de grandes expériences naturelles. Nombreuses sont celles qui s'autodétruiront et celles qui évolueront au fur et à mesure de leur périple à travers l'immensité du cosmos. 

De notre coté, nous pouvons nous demander combien de temps l'humanité pourra survivre dans un vaisseau où des passagers cruels visent à anéantir l'ensemble de l'équipage du vaisseau Terre.

Paul Watson- Earthforce, manuel de l'éco-guerrier