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lundi 7 novembre 2016

"POURQUOI NOUS COMBATTONS"


"Ceux qui n'ont rien possèdent pourtant ce qui nous différencie des choses et de l'animal: la dignité." Sous-commandant Marcos



En Aout 1997, le sous-commandant Marcos avait publié dans les colonnes du Monde Diplomatique un long article d'analyse géostratégique intitulé:
 "Pourquoi nous combattons, la quatrième guerre mondiale a commencé". 

Pour rappel, Rafael Sebastián Guillén Vicente, dit « sous-commandant Marcos », est un militant altermondialiste mexicain qui a été le porte-parole de l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), connu pour son militantisme et son combat pour la préservation des peuples indigènes.


Cet article du Monde Diplomatique, datant de presque vingt ans, riche en sujets, abordant aussi bien les crises migratoires futures tout comme les guerres à venir et le spectre de la globalisation semble aujourd'hui assez incroyable à la relecture.
Marcos s'inquiète notamment des effets du néolibéralisme et je le cite: "Le néolibéralisme impose ainsi la destruction de nations et de groupes de nations pour les fondre dans un seul modèle (l'american way of life). Il s’agit donc bien d’une guerre planétaire, la pire et la plus cruelle, que le néolibéralisme livre contre l’humanité."

Vous pouvez retrouver l'intégralité de l'article sur ce lien: 

Marcos considérait que nous étions face à un puzzle qu'il fallait reconstituer pour tenter de comprendre "le casse-tête mondial":

"Nous voici face à un puzzle. Pour le reconstituer, pour comprendre le monde d’aujourd’hui, beaucoup de pièces manquent. On peut néanmoins en retrouver sept afin de pouvoir espérer que ce conflit ne s’achèvera pas par la destruction de l’humanité. Sept pièces pour dessiner, colorier, découper et tenter de reconstituer, en les assemblant à d’autres, le casse-tête mondial.

La première de ces pièces est la double accumulation de richesse et de pauvreté aux deux pôles de la société planétaire. La deuxième est l’entière exploitation du monde. La troisième est le cauchemar d’une partie désoeuvrée de l’humanité. La quatrième est la relation nauséabonde entre le pouvoir et le crime. La cinquième est la violence de l’Etat. La sixième est le mystère de la mégapolitique. La septième, ce sont les formes multiples de résistance que déploie l’humanité contre le néolibéralisme."

En 2014, Marcos a annoncé sa retraite et qu'il cessait "d'exister", il reprenait une identité de tous les jours et l'état mexicain a abandonné toutes charges contre lui dans le cadre de sa lutte pour la libération nationale. 
Marcos était autant un lanceur d'alerte qu'un activiste inlassable et restera comme une figure de l'altermondialisme de la fin du XXème siècle.
Pour terminer, voici un texte court qui évoque la crise migratoire avec une lucidité quasi divinatoire pour l'époque. 
Voyez aujourd'hui où nous en sommes et faites les comptes. 
Les statistiques de 1997 ont été largement explosé depuis ces écrits...


La quatrième guerre mondiale a commencé.

« Nous avons déjà parlé de l’existence, à la fin de la troisième guerre mondiale, de nouveaux territoires (les anciens pays socialistes) à conquérir, et d’autres à reconquérir. 
D’où la triple stratégie des marchés : les « guerres régionales » et les « conflits internes » prolifèrent ; le capital poursuit un objectif d’accumulation atypique ; et de grandes masses de travailleurs sont mobilisées. 
Résultat : une grande roue de millions de migrants à travers la planète. «
 Étrangers » dans un monde « sans frontières », selon la promesse des vainqueurs de la guerre froide, ils souffrent de persécutions xénophobes, de la précarité de l’emploi, de la perte de leur identité culturelle, de la répression policière et de la faim, quand on ne les jette pas en prison ou qu’on ne les assassine. 
Le cauchemar de l’émigration, quelle qu’en soit la cause, continue de croître. 
Le nombre de ceux qui relèvent du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a littéralement explosé, passant de 2 millions en 1975 à plus de 27 millions en 1995.
La politique migratoire du néolibéralisme a davantage pour but de déstabiliser le marché mondial du travail que de freiner l’immigration. 
La quatrième guerre mondiale — avec ses mécanismes de destruction-dépeuplement, reconstruction-réorganisation — entraîne le déplacement de millions de personnes. 
Leur destinée est d’errer, leur cauchemar sur le dos, afin de constituer une menace pour les travailleurs disposant d’un emploi, un épouvantail de nature à faire oublier le patron et un prétexte pour le racisme. »

Le sous-commandant Marcos (le Diplo' Août 1997)
Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) Chiapas, Mexique.