« Jusqu'ici, une minorité seulement de la communauté des affaires et des investissements a fait des changements climatiques une priorité stratégique. Trop nombreux sont ceux qui restent sur la touche, attendant que d'autres agissent ou bien que des politiques claires accordent les mêmes chances à tout le monde.
D'autres sont les avocats de l'ordre passé. À ceux qui directement ou implicitement se font les champions d'une opposition à l'action climatique, j'ai un message clair : vos idées sont dépassées et vous n'avez plus beaucoup de temps. »
-- Discours tenu au Sommet mondial des affaires
sur les changements climatiques,
Copenhague, Danemark, 24 mai 2009
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Les États-Unis et le Canada s’entendent pour l’exploitation accrue du gaz de schiste en construisant trois pipelines à travers le continent nord-américain. Des forages pétroliers sont déjà autorisés dans les territoires du grand nord canadien et les Russes en prévoient autant du côté sibérien de l’Arctique.
Les commandes d’avions n'ont jamais été aussi élevées dans le monde. L’extension de l’aéroport de Londres Heathrow ainsi que des solutions alternatives à la construction du second aéroport de Nantes sont prévus. On a un urgent besoin d’aéronefs fonctionnant sans kérosène comme des ballons dirigeables et des avions solaires. La mobilité plus lente qu’implique ces solutions fait qu’elles restent dans les cartons à l'état de concepts.
Tout ceci est en contradiction avec l’accord de Paris pris en décembre 2015 à la COP21, qui avait pour objectif de contenir le réchauffement climatique entre 1,5°C et 2,0°C.
Au GIEC, les experts du changement climatique disent qu'ils veulent rester dans ces limites. Mais devant cette impossibilité constatée par le monde académique et scientifique, ils suggèrent implicitement le recours à la géo-ingénierie, c'est-à-dire par gestion du rayonnement solaire (solar dimming) et par extraction et stockage du CO2 de l’atmosphère (CCS), pour rentrer dans les clous.
De façon incompréhensible, le GIEC s'appuie encore toujours sur des modèles mathématiques qui ne tiennent pas compte de la quelque soixantaine de boucles de rétroactions positives identifiées par les experts. Ces boucles amplificatrices ont comme propriétés d'accélérer le réchauffement climatique et de le prolonger. Un réchauffement moyen de 3°C-4°C communément admis par la plupart des experts, pourrait selon d'autres, à cause de ces boucles amplificatrices, se prolonger au-delà de toute capacité de survie de l'humanité sur Terre jusqu'à 8°C-9°C ou plus pour les experts les plus en flèche.
Ces prises de position du GIEC marque non seulement de la complaisance, mais représente carrément un feu vert pour les compagnies extractivistes d'énergies fossiles et de ressources non renouvelables de pouvoir développer sans contrainte leurs activités polluantes en gaz à effet de serre (GES) et destructrices de l'environnement.
Dans un récent interview[1] accordé à Climate News Network, Kevin Anderson, professeur d'énergie et de changements climatiques à l'Université de Manchester, soutient qu'il y a 95 % de chances que l'action contre le changement climatique ne soit pas assez robuste pour confiner la croissance du réchauffement de la Terre en dessous de l'objectif de 1,5°C-2°C.
Anderson croit que les politiciens ne prendront pas assez de mesures pour lutter contre les changements climatiques, en partie parce que la menace du réchauffement climatique est souvent sous-estimée par de nombreux experts. Il explique que si nous ne sommes pas prêts à faire face aux défis que nous avons devant nous, les réponses que nous proposerons ne seront pas appropriées. Il pense qu'il y a un risque de 95% d'échouer.
En replaçant cette discussion dans une échelle de temps plus large, on doit se rappeler que le rapport Meadows[2] avait pour ambition de réduire la croissance à une vie prospère et soutenable sur la planète. C'est dans une perspective de transition douce que quelques scénaris avaient été proposés en 1972, puis dans les mises à jour de 1992 et 2004.
Par la suite, d'autres mises à jour n’ont pas été proposées car il n’y avait plus de possibilité de transition douce. Cette évidence aux yeux de Dennis Meadows n’est pas passée du côté des politiciens avec toutes les grandes conséquences qu’elle recelait de devoir contrer le réchauffement climatique de manière beaucoup plus brutale.
Les compagnies pétrolières avaient déposés des mines depuis des années sous les arguments en faveur d’une action climatique urgente. Mais les politiciens ne sont pas seuls coupables. La communauté académique, la communauté scientifique, les journalistes et les ONG le sont aussi, chacun dans une attitude attentiste de ce que vont faire les autres.
Kevin Anderson pense qu'il reste une petite chance de 5% de réussite possible. Paul Jorion, anthropologue et sociologue, estime que le genre humain n’est pas équipé mentalement[3] pour faire face à ce défi qui maintenant le dépasse.
Par Michel-Pierre Colin
http://energieviedurable.blogspot.fr/
Supplément kaviste de Michel:
Au cours de la réunion éditoriale préparatoire à la publication de cet article, j'ai trouvé utile de garder ces commentaires de Jack du Climatoblogue :
Les gouvernements de ce monde versent 10 millions de $ à la minute en subvention à l'industrie des combustibles fossiles. Par année, ça fait 5,3 billion (53 000 000 000 000 $) par année. Aux dernières élections Américaine, c'est, à toute évidence, l'industrie des combustibles fossiles qui a gagné.
Quand ça fait presque 5 ans qu'on écoute et lis presque tout ce qui a trait au réchauffement climatique ; quand on sait que rien n'a été fait entre la 1ere COP de 1992 à celle de Paris en 2016, on se demande vraiment ce qui bloque la machine. Qui mets des bâtons dans les roues? Et la COP 21 est de loin insuffisante, elle nous garantit au minimum 3°C à 4°C de réchauffement, ce qui serait cataclysmique. Quand on voit les prévisions du GIEC basées sur des technologies dont on ne connaît rien, et encore moins la certitude que ça fonctionnera, on pense qu'il doit forcément y avoir anguille sous roche ; la survie de l'espèce humaine semble basée sur des chimères...
Quand on voit tout ça, on a envie de croire à une petite théorie conspirationniste... Le GIEC et les COP semblent avoir pour but d'estimer combien de combustible fossiles on peut encore brûler et pas de limiter le réchauffement climatique à un niveau sécuritaire.
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